La méthode Montessori

Nous mettons en œuvre dans l'établissement la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées présentant des troubles cognitifs.
La vision Montessori repose sur des valeurs humanistes fortes telles que le respect, la dignité, l'égalité et la confiance, et ce pour tout être humain quelles que soient ses caractéristiques.
Cette méthode consiste en des stratégies humaines et pragmatiques pour répondre aux nombreux défis liés à l'accompagnement de ces personnes afin d'éviter le recours à l'usage de médicaments psychotropes ou à des méthodes parfois déshumanisantes.
Ces principes visent à améliorer l'autonomie, l'indépendance et le bien-être psychologique des personnes atteintes de troubles cognitifs et de ceux qui les accompagnent, et qu'elles puissent rester, malgré leurs troubles et leur handicap, scénaristes réalisatrices et actrices de leur propre vie.
Ils permettent de poser un autre regard sur les enjeux du quotidien pour les aborder autrement, plus positivement et peut-être plus sereinement.
Le terme "Méthode Montessori" pourrait laisser penser qu'il y a une marche à suivre. Ce n'est pas le cas. Il s'agit avant tout d'une invitation à un changement de posture dans nos interactions avec les personnes ayant des troubles cognitifs, à les voir et à les comprendre non pas comme des personnes malades mais comme des personnes atteintes d'un handicap.
Maria Montessori 1870-1952

Qui était Maria Montessori ?

Née en 1870 à Chiaravalle en Italie, Maria Montessori est une des premières femmes médecins.
Elle s'occupe d'enfants déficients mentaux dits selon les termes de l'époque "arriérés" ou "idiots", perdus aux yeux de la science d'alors, et qui vont grâce à elle apprendre à lire et à écrire. 
Son principe : "Aide-moi à faire seul", c'est-à-dire être aidé dans son apprentissage et non servi.
Les considérant comme des êtres humains à part entière, elle met en lumière l'importance d'un environnement adapté à leurs besoins et de leur faire vivre une expérience positive. Elle développe les principes d'attention, d'apprentissage par la pratique, le respect du rythme propre à chacun et le lien entre le mouvement et la cognition (importance de l'utilisation de la main et du toucher).
Cameron Camp

Cameron Camp

Psychologue et chercheur, Cameron Camp a l'idée d'adapter la vision et les principes de Maria Montessori aux personnes âgées atteintes de troubles cognitifs.
Il s'agit pour lui de favoriser leur autonomie et de favoriser leur indépendance, c'est-à-dire leur capacité à faire elles mêmes en se focalisant sur les capacités préservées et non sur les déficits.
Son approche ouvre des perspectives positives en les considérant pleinement comme des personnes et non comme des malades trop souvent réduits à leur diagnostic et à leurs difficultés.

Les concepts clés pour un autre regard

1. Handicap

Il s'agit tout d'abord de considérer la "démence" comme un handicap et non comme une maladie.
Les personnes atteintes de troubles cognitifs sont des personnes normales, dans toute leur humanité, qui ont les mêmes besoins humains fondamentaux que chacun d'entre nous, mais qui présentent un handicap (cognitif) avec lequel il est possible de continuer à vivre et à vivre bien.
La méthode Montessori propose des outils permettant de contourner les troubles cognitifs.

2. Capacités préservées et capacités d’apprentissage

Les personnes atteintes de troubles cognitifs sont encore capables de faire des choses et d'apprendre.
En utilisant une partie de la mémoire qui reste préservée, la mémoire procédurale (la mémoire des automatismes et des routines), elles peuvent s'améliorer et progresser par la pratique, en particulier si elles le font régulièrement.
La méthode Montessori propose de s'appuyer sur ce que la personne sait encore faire (ses capacités préservées) plutôt que s'arrêter sur ce qu'elle n'est plus capable d'accomplir (ses déficits) pour lui permettre de maintenir, d'apprendre et réapprendre différentes capacités, en fonction de ses souhaits et besoins, en ne faisant plus à sa place mais en lui permettant de pratiquer elle-même en étant guidée.

3. Activités

Avoir une activité porteuse de sens offre une bonne raison de se lever le matin.
Il s'agit donc de proposer à ces personnes - et non d'imposer - des activités qui ont du sens et de l'intérêt pour elles, et qui les satisferont dans leurs besoins fondamentaux.
   

4. Comportements dits « problématiques »

Entendons par là : agressivité, agitation, apathie, déambulation, fugue...
Ces comportements sont en fait des réactions de la personne à ce qu'elle vit nous indiquant l'existence d'une difficulté. Ils ont un sens, une cause, même si nous ne les comprenons pas forcément.
Le méthode Montessori propose de les aborder comme une énigme à résoudre : pourquoi la personne agit-elle ainsi ? quelle est la cause qui se cache derrière ce comportement ?
Une chose est sûre : cela traduit l'expression d'une situation où les besoins de la personne ne sont pas satisfaits.
Par ce questionnement, il convient ainsi de briser les cercles vicieux qui s'installent trop souvent et d'éviter les réponses médicamenteuses trop automatiques.
A savoir que lorsqu'une personne est engagée dans une activité porteuse de sens, elle ne peut pas être en même temps en train de s'énerver, de crier, de s'agiter ou de présenter tout autre trouble du comportement. Cela est incompatible.

5. Posture de facilitateur

La posture s'adresse à tous les aidants : soignants, famille, entourage...
Etre facilitateur signifie faciliter les interactions de la personne avec son environnement pour lui permettre d'agir par elle-même, c'est-à-dire l'aider à exprimer son autonomie et son indépendance.
Etre facilitateur, c'est créer des conditions favorables pour que la personne puisse agir le plus normalement possible et dans une dynamique positive.


La méthode Montessori s'applique également la nuit pour redonner du sens au non-sens, pour interagir positivement avec le résident, son environnement social et physique, et sur les activités :
  • Repenser l’ambiance de nuit et adapter l’environnement des personnes âgées pour favoriser l’autonomie et l’endormissement ;
  • Ne pas imposer mais plutôt proposer ou inviter la personne à conserver un pouvoir de contrôle sur leur existence et sur la situation durant la nuit ;
  • Parler moins mais agir. Certaines personnes ne comprennent pas les consignes verbales. En leur montrant ce qu’il faut faire et en les invitant à imiter, l’activité peut alors être réalisée et être un facilitateur du rythme circadien.
Cette méthode n'est pas mise en œuvre que sur l'EHPAD mais également sur le pôle domicile (SSIAD et EHPAD hors les murs) en bâtissant des interventions personnalisées et coordonnées et en impulsant cette méthode avec les proches, aidants, familles et partenaires.

« Le changement est réalisable. Le frein à toute évolution réside dans nos représentations de ce qu’une personne est ou n’est plus capable de faire, dans nos représentations de ce qui est possible. »

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mark Twain

« Toute aide inutile est une entrave au développement de l’individu. Chaque chose que vous faites à ma place est une chose que vous m’enlevez ! » Maria Montessori